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Le retour de la nature au cœur des villes

      Dans cette première partie, nous allons parler d’un des piliers du biomimétisme. Il s’agit en effet de remettre la nature au cœur des villes. Cette idée en englobe beaucoup d’autres, toutes liées avec le biomimétisme, comme par exemple le fait d'intégrer les écosystèmes naturels au sein d’écosystèmes urbains, pour éventuellement créer une symbiose entre la ville et la nature.

   

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      Pour cela, nous allons commencer par un point majeur de cette idée, issu d’une inspiration de la nature, qui est la base de la nature même, et qui résoudrait déjà une petite partie des problèmes actuels seulement en s’inspirant de celle-ci. Les déchets sont effectivement devenus un problème majeur sur notre planète. On définit un déchet comme le résidu issu de l’usage d’un produit, ou bien le résidu d’un processus de production, de transformation, ou tout simplement un matériau ou un objet destiné à être jeté. On sait que des mesures ont été prises pour mettre en place le tri des déchets, favorisant notamment le recyclage, mais bien que les choses s’améliorent, les résultats sont loin d'être optimaux. Prenons l’exemple de la France où une enquête a été réalisée en 2014 : 85% des français trieraient leurs déchets, ce qui représente théoriquement un bon pourcentage. Cependant, il y a seulement 45% de trieurs dits « systématiques », qui trient régulièrement leurs déchets, ce qui est beaucoup moins flatteur. Nous apprenons aussi d’après cette étude que les jeunes (lycéens, étudiants) trient moins que leurs ainés, alors qu’ils devraient certainement être les fers de lance de ce renouveau. Cela nous amène dans le vif du sujet.

     

      Effectivement, la nature telle qu’elle est conçue et telle qu’elle a pu se concevoir durant ses 3,8 milliards d’années d’existence ne rejette aucun déchet. Elle est en quelque sorte « optimisée » pour réutiliser tout ce qu’elle va rejeter : ce que l'on appelle "le fonctionnement en cycle". Ce fonctionnement en cycle bouclé va donc permettre  que les déchets d’un organisme deviennent les ressources d’un autre organisme. On peut adapter cela à l’échelle d’une ville où tous les détritus d’une usine pourront être vus comme matière première pour une autre. Il faut savoir qu’aujourd’hui, notre société occidentale dans laquelle nous vivons fonctionne de manière linéaire, notamment au niveau de la production et des déchets. Le déchet d’un organisme, d’une personne, pourrait servir à d’autres, ce fonctionnement linéaire n’est autre que celui de notre société de consommation totalement inverse à la nature. Ce  cycle bouclé permettrait donc d’éradiquer tous déchets, ce qui pourrait être une avancée phénoménale si chacun se mettait à l’appliquer, en imitant la nature.

    

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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     Dans notre thème « le retour de la nature au cœur des villes », nous allons maintenant nous intéresser aux écosystèmes naturels, grandement lié avec les déchets et notamment avec ce fonctionnement en cycle.

      Un écosystème naturel peut réunir plusieurs milieux naturels, où chacun (chaque espèce) trouve sa place, créant une réelle dynamique notamment grâce à la façon qu’interagissent les êtres vivants mais aussi grâce à leurs relations. Toujours en reprenant cette idée de fonctionnement non pas linéaire mais cyclique, les écosystèmes naturels vivent « en autonomie », n’utilisent que ce qu’ils nécessitent. Ils vont être capable soit de s’adapter, soit de se modifier, selon le contexte (écologique ou autre). Ce sont donc de véritables et réels exemples pour une ville qui se veut durable. Les villes actuelles, sortes d’écosystèmes créés par l’Homme, ne sont pas du tout dans cette dynamique et on pourrait même les qualifier d’écosystèmes fébriles. En effet, le genre humain représente la grande majorité de la population de nos villes, ne laissant place ou que très peu à toutes sortes d’êtres vivants (faune et flore), pour la plupart présents bien avant nous. Nous pouvons qualifier nos villes d’écosystèmes fébriles car les ressources nécessaires à la ville (notamment énergétiques pour ne parler que de ce secteur) proviennent très souvent de l’extérieur. Les villes sont de plus en plus polluées, ce qui serait inconcevable dans un écosystème naturel. La nature a donc encore une fois un temps d’avance sur notre « écosystème ville ». Une ville inspirée d’un écosystème vivant naturel pourrait donner autant qu’elle reçoit, particulièrement au niveau énergétique, mais pas que. Au niveau des matières premières indispensables, elle s’alimenterait donc toute seule, et tout comme un écosystème naturel, elle ne se servirait que de ce dont elle aurait besoin.

   

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Exemple d'écosystème naturel

 

      Pour commencer, on pourrait d’abord réintégrer la nature petit à petit, en créant des écosystèmes ou mini-écosystèmes. Ces derniers pourraient «communiquer » avec la ville et donc déjà résoudre des problèmes écologiques telles que la pollution de l’air. Mais cela favoriserait surtout l’apparition de systèmes cycliques et nous permettrait de sortir de notre manière linéaire de vivre au niveau des déchets. On pourrait même envisager une ville étant un véritable écosystème naturel où les bâtiments, architectures, seraient composés de végétaux et où chaque être vivant pourrait trouver sa place.

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Mise en place d'écosystèmes naturels à Vélizy, en France

 

      En plus de cette réintégration matérielle de la nature, nous pourrions aussi nous servir du mode de fonctionnement de ces mêmes écosystèmes naturels. En effet, chacun de nous pourrait se servir « à côté », sans avoir à acheter des denrées (alimentaires ou non) provenant de l’autre bout de la planète. Ce qui serait un gros plus écologiquement parlant, et dont les conséquences évidentes seraient une amélioration quotidienne de l'aspect pratique.

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       Autre point et pas des moindres, le réaménagement des toits des villes, ces derniers pouvant être considérés comme espaces non utilisés et pourtant bien présents dans chaque ville. Cette idée est la représentation même de ce gros thème qu’est « Le retour de la nature au cœur des villes ». La nature serait réintégrée à la ville tout en s’adaptant à cette jungle urbaine. Ces toits peuvent être utilisés de différentes manières, mais nous allons nous focaliser particulièrement sur la création de fermes et la végétalisation de ces toits.

      Nous pouvons évoquer l’initiative ayant déjà été prises dans de grandes villes telles New-York ou Paris. Parlons de Paris dont la proportion d’espace vert est une des plus faibles d’Europe pour une ville aussi densément peuplée. De plus en plus de toits se végétalisent, ce qui à terme et avec une utilisation beaucoup plus poussée de ce concept, pourrait grandement réduire le nombre de particules fines dans l’air qui font tant parler d’elles en ce moment. Mais pourrait aussi réduire considérablement les températures lors des canicules par exemple, grâce a l’absorption de l’eau des végétaux, ce qui réduirait indirectement les consommations d’énergie dans notre écosystème urbain. Les plantes sont indispensables aux humains. Si nous reprenons l'idée du cycle bouclé, les végétaux produisent du dioxygène grâce à la photosynthèse (notamment par l’apport de dioxyde de carbone), tandis que nous aspirons le dioxygène qui nous est vital pour rejeter du dioxyde de carbone. La nature est faite pour s’imbriquer de manière cyclique sans aucune perte. Cela peut être une des raisons pour lesquelles la ville de Paris incite ses habitants à végétaliser leurs toits.

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         Quant aux fermes urbaines, elles seraient un formidable moyen d’optimiser l’espace non utilisé que représentent les toits des villes, notamment celles des grandes agglomérations, comme celles que nous avons déjà citées. Premièrement, il faut d’abord savoir que ce genre de ferme ou d’installation, ne peut pas s'établir n’importe où. En effet, une toiture classique peut supporter « seulement » 80kg de végétation par m2, tandis que du gazon enraciné dans environ 30cm de terre (ce qui est normalement conseillé) pèsera 300kg par m2. Il faut donc des toitures adaptées pour de tels projets. Par ailleurs, du côté écologique que nous venons d’aborder, ces petites fermes urbaines permettent de rentrer toujours plus dans cette idée d’écosystème urbain, où une nouvelle fois, la ville devient de plus en plus autonome. Concernant les ressources alimentaires, l’Homme dans son habitat naturel va se nourrir à proximité, et non pas avec des produits provenant de destinations situées à des milliers de kilomètres. Cependant, lorsque l'on pense à cette végétalisation des toits et notamment d’une ferme urbaine, on peut s’interroger sur le manque d’espace. La nature nous enseigne encore une fois que tout problème trouve sa solution, surtout grâce à l’apport de la permaculture qui va pouvoir être une des solutions. Effectivement, le gain d’espace est un des piliers de cette permaculture, qui va pour cela associer différents fruits et légumes, complémentaires entre eux, dans la manière par laquelle ils vont pousser et se protéger des insectes. La permaculture fait donc toujours partie du biomimétisme. De nombreuses exploitations agricoles ont été créées, comme par exemple la "Brooklyn Grange", située en plein centre de New-York.

        

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                      La "Brooklyn Grange"  à New York                                            Une ferme urbaine du futur

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        On ne va pas se cantonner seulement aux toits des immeubles des villes, mais nous allons également nous intéresser aux façades de ces mêmes immeubles. De plus en plus de projets sont mis en place qui vont pouvoir être mis en relation avec ces toits végétalisés. Ces façades, en plus d’être esthétiques, vont réellement être isolantes en hiver, la chaleur accumulée dans le bâtiment étant retenue par toute cette végétation. Inversement, en été lors de fortes chaleurs, la végétation avec sa propriété isolante ne laissera pas rentrer la chaleur. Ces murs végétalisés ne sont pas encore développés au maximum mais sont très prometteurs. Il y a une forte probabilité que nous les retrouvions dans un très grand nombre de villes dans les années qui viennent.

      Prenons l’exemple d’un bâtiment à cheval entre ces deux sortes de projets. Le "Bosco verticale", complexe de deux tours résidentielles situées en plein centre de Milan, est recouvert d’un hectare de végétation. Il fonctionne en autonomie et récupère l’eau de pluie, recréant une biodiversité totalement innovante et ne peut pas mieux illustrer notre thème « le retour de la nature au cœur des villes ». Le musée du Quai Branly à Paris en est également un bel exemple.

         

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  Façade végétalisée du musée du quai Branly (Paris)                                Le "Bosco verticale" (Milan)

 

      Toutes ces idées issues du biomimétisme seraient des solutions pour un retour progressif de la nature au cœur de nos villes, et permettrait de faire petit à petit des villes durables. Cependant, le seul fait de remettre la nature dans nos villes sans les faire réellement communiquer est insuffisant. Il faut créer une symbiose entre la nature et la ville du futur, où chaque être vivant aurait sa place et serait en harmonie avec la nature qui l’entoure. Cette symbiose est la base de toute ville biomimétique durable et si l'on veut s'inspirer de la nature, elle doit être elle même présente dans nos villes. Tout doit être mis en œuvre pour ce retour de  la nature au cœur des villes.

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